Forum Kayak

Descente de la LOIRE du 15 au 29 juin 2021



Préambule :
Cette aventure a pris forme voilà 3 ans comme projet de jeune retraité. Certains partent faire le tour du monde, ou moins, à la voile, d'autres s'aventurent sur les chemins de St-Jacques de Compostelle, écrivent un livre etc...
Pourquoi la Loire en Kayak ? Habitant la région Nantaise, je trouvais sympa de faire un parcours Ligérien. J'aurais pu le faire à vélo. Mais le vélo, ce n'est pas trop mon truc. Kayakiste loisir, je suis tombé sur le livre « La Loire vue du fleuve » de Jean François Souchard (la «bible»), banco ce sera ça.
Le parcours, après différentes lectures, sans hésitation, je partirai de Roanne. Jusqu'à St- Nazaire ? Sans intérêt pour moi, la partie maritime je connais et je trouve plus sympa de quitter la Loire et remonter la Sèvre pour arriver à la maison !
Le choix du bateau. Un canoë ? Non : pas pratique seul, lourd avec de la prise au vent. Même si l'emport est son point fort. Donc un kayak, je n'ai pas vraiment étudié le gonflable. Je me suis orienté vers un modèle mer. Dans un premier temps je penchais pour un modèle de 4m pensant que c'était le bon compromis pour une navigation « rivière ». Après échange avec le représentant de chez DAG, il m'a conseillé le « Miwok » qui fait 5m, mais qui est selon lui est un bon compromis emport/performance. Ce sera mon choix. Quelques navigations et une particulièrement ventée (sur la Vilaine) m'ont confortées dans ce choix. Si je m'interrogeais sur l'utilité du gouvernail, au final je le juge indispensable. Non pas pour se diriger, mais pour stabiliser le bateau et le mettre « sur des rails ». Il se relève facilement, pour les passages délicats et si j'oublie de le redescendre, je m'en rends très vite compte, j'ai tendance à faire « savonnette ».
Encore en activité, je fais quelques sorties préparatoires et peaufine les choix du matériel. Du grand classique, mais hormis la tente et popote tout est en sacs étanches et petits bidons (2 places sont prévues sur le Miwok), même s'il est équipé de coffres étanches, on ne sait jamais ! Surtout lors des débarquements.
Un chariot, accessoire indispensable (surtout en solitaire) vu le nombre de passage à contourner. J'ai opté pour le modèle rigide DAG, sans doute plus robuste qu'un pliant. Il trouve sans problème sa place sur le pont à l'arrière. Choix de dernière minute, un fauteuil pliant... que je glisse sous le chariot. Si les petites jumelles ne m'ont pas été très utiles lui c'était la bonne idée. D'accès facile, il me donnait du confort à l'arrêt y compris lors des pauses de midi.
Initialement prévu en 2020, la crise sanitaire m'a fait repousser le départ d'un an car je souhaitais profiter des « belles » journées de juin avec un niveau d'eau, à priori, encore correct.
La durée ? C'était la question ? Pas d'idée de ce qu'apportera le « tapis roulant » classiquement je fais 30 km par jour. Donc 3 semaines semblent réalistes, plus ou moins en fonction des conditions. Si mon objectif n'est pas la performance, je ne l'envisage pas non plus comme un circuit touristique. Ce sera finalement 15 jours, la météo ne m'a pas incitée à trainer en route.
L'avitaillement ? Je partirais en semi autonomie avec des plats lyophilisés pour le midi et des conserves de poissons avec de la semoule pour le soir. L'avantage de la semoule, à mes yeux, par rapport à du riz ou des pâtes : on ne gaspille pas d'eau et on peut la préparer aussi bien à froid qu'à chaud. Des fruits secs et des barres énergétiques. Une boîte hermétique avec fruits et tomates. Des pauses dans des campings pour profiter d'un peu de confort, une bonne douche, des courses et un p'tit resto (je pars ramer, pas aux galères !). Finalement je ne bivouaquerai que le 1^er soir. Les alertes orages quotidiennes m'ont conduit chaque soir dans un camping pour y trouver un abri et un peu de sec. Je n'ai pas eu de problèmes pour déterminer mes étapes en fonction. Ce ne sont pas les campings qui manquent (la « »bible» » ne les référence pas tous et certains sont maintenant fermés), avec la Loire à Vélo l'accueil et le prix sont adaptés à cette itinérance.
L'eau ? Je n'ai pas opté pour un système filtrant, me disant que je trouverai toujours de l'eau lors de mes arrêts. Je suis parti avec une vache à eau de 10l (placée derrière mon siège) + poche 3l + 2 l dans le Camel bag du gilet. Je dois pouvoir tenir 3 jours sans problème. Finalement avec mes arrêts camping, je ne me suis contenté que du Camel bag et de 3l de réserve, si j'opte pour un bivouac de dernière minute.
Le voyage aller ? En voiture obligatoirement, à aller récupérer en train. Où la laisser pour une longue période ? Je pensais opter pour le camping de départ. Finalement un bon copain a joué le chauffeur et a ramené ma voiture à la maison.

J0 : Départ de Vertou le 14 juin à 9h30, pour passer prendre Jean-Marc, mon convoyeur. Direction Pouilly-sous-Charlieu. Arrivée à 17h00 au camping. Après s'être installés, visite de Roanne, repérer un point de départ et trouver un restaurant. Si le départ sous le centre de secours était tout à fait envisageable, nous avons jugé que ce n'était pas la solution la plus intéressante, nous obligeant à venir en ville à l'heure des embouteillages. Décision est prise de partir au plus proche du camping. Le départ sera donc sous le pont de la D4.

J1 : Mardi 15/6	36,41 km	Pouilly-sous-Charlieu	Bivouac
Départ	8h20	Temps rame	5h30
Arrivée	15h30	Cumul distance	36,41 km

Une fois le kayak préparé et chargé, ce sont les au-revoir et remerciements à Jean-Marc, qui m'a retiré une sacrée épine logistique. D'entrée de jeu, c'est la confrontation avec la faune : Hérons cendrés, canards, oies, hirondelles des falaises saluent mon départ. Je traverse également des troupeaux de vaches qui sont au milieu de la Loire à prendre le frais et brouter les grandes herbes qui agrémenteront mes premiers jours de navigation.
Mon inconnu était ma vitesse de déplacement sur le « tapis roulant ». De manière générale, je progresse à 6 km/h quid du courant ? Le courant est d'environ 1.5 km/h. Du coup au bout d'une heure j'avais fait 6.2 km, sans forcer. Je me retrouve vraiment au milieu de nulle part. Je n'ai vu qu'un pêcheur au niveau de Melay.
Soudain j'aperçois devant deux formes arrondies s'agiter au milieu de la Loire ! Je me retrouve nez à nez avec deux énormes silures qui remontent le courant dans 10 cm d'eau, le ventre sur les graviers et le dos hors de l'eau. Pas le temps d'immortaliser la scène, dommage. Mais qui a été le plus surpris ?
Au niveau de Chambilly, après le pont, un passage rocheux qui n'était pas signalé dans la « bible » de Jean-François Souchard. Sur les conseils de canoéistes locaux je suis passé rive gauche, ça mouille un peu mais c'est passé nickel !
Après, plusieurs passages où le fond remonte permettent de belles accélérations à 10-12 km/h, c'est grisant.
Au niveau de Bonnand je cherche un endroit où m'arrêter, à l'ombre car le soleil tape fort. A part quelques fruits secs, je n'ai rien mangé. Pas faim ! Finalement je trouve une petite île avec un bras mort qui me permet de monter facilement sur la berge, à l'ombre d'un arbre. Toujours pas faim, je mange juste une tomate et 2 abricots. Petite sieste toujours à l'ombre car le thermomètre doit dépasser largement les 30°.
Depuis une quinzaine de km, je naviguais dans de longues plantes aquatiques qui s'allongent avec le courant. C'est magnifique car elles sont en fleurs et la Loire fait un tapis blanc. Ça ne facilite pas la progression. Par moment j'ai eu l'impression de jouer le « brise glace ». Les jours suivants, je les ai finalement appréciées car la veine de courant, entre les paquets d'herbes (effet Venturi oblige) génère de belles accélérations, m'incitant à les privilégier.
Je pensais aller jusqu'à Digoin. Mais après réflexion, repartir à 16 h, faire 2 h de navigation plus le portage à prévoir au pont canal... je ne suis pas si mal ici. Est-ce que je trouverai aussi bien plus loin ? Pour le 1^er jour 36.5 km c'est bien. L'idée est alors d'aller demain jusqu'à Diou. Le camping est au bord l'eau. Là je pourrai aviser sur la mauvaise météo prévue à partir de J3.
J'installe donc mon bivouac, après une ne petite soupe comme goûter. Les vaches, dans le pré de l'autre côté du bras mort, viendraient-elles me lécher les orteils au petit matin ? Pas de trace de leur passage sur mon île donc... je verrai bien ! Finalement ce sont les grenouilles amoureuses qui ont troublé mon sommeil. Et surtout les avions qui devaient faire des exercices nocturnes !!! Je n'ai vu qu'après que j'étais proche de l'aérodrome de St-Yan !

J2 : Mercredi 16/6	45,30 km	Bivouac	Diou
Départ	7h50	Temps rame	6h10
Arrivée	17h00	Cumul distance	81,71 km

Levé 6h10. J'admire un magnifique lever de soleil sur la Loire avec une petite brume.
Je navigue dans les méandres et je commence à apprendre à lire la Loire pour trouver les bons passages et les meilleures accélérations. En général il faut faire l'extérieur. Très vite j'ai trouvé un dicton : « Là où les hérons ont pieds, il ne faut pas aller ! »
J'arrive à Digoin, après un repérage rive gauche, pas de chariotage possible. Du coup, comme indiqué dans la «bible», je passe à la cordelle sous la dernière arche.
Le soleil commence à bien cogner, j'opte pour la technique du chapeau mouillé ! La Loire n'a plus le même aspect. Plus profonde, même si le fond remonte régulièrement. A 13h, 30 km fait, il est temps de s'arrêter déjeuner, un bon bain pour me rafraichir avant de manger un plat lyophilisé (nouilles poulet) agrémenté d'une tomate et d'abricots. Les grenouilles amoureuses accompagnent encore ma pause.
Arrivée à 17h au camping de Diou. Top accueil, pour 8.20 €, électricité, lave linge avec lessive fournie...
J'ai deux voisins Allemands qui sont partis de Digoin le matin pour aller jusqu'à Cosne sur Loire. Nous échangeons sur les difficultés à venir. Si moi j'ai la « bible », eux ont un topo en allemand.
Un petit tour à l'épicerie du village pour prendre des boissons fraîches, pas de bar ! Il fait très lourd, orage ? Pas orage ? Finalement un peu de pluie dans la nuit mais rien de bien méchant.

J3 : Jeudi 17/6 (temps de rame + long)	58,50 km	Diou	Decize
Départ	7h10	Temps rame	7h05
Arrivée	16h15	Cumul distance	140,30 km

Levé 6h. Départ après un petit chariotage pour sortir du camping. Trop préoccupé à longer la rive droite pour arriver à l'enrochement de Diou, je n'ai pas bien lu le fleuve, pas vu qu'il fallait passer à gauche, résultat planté sur une gravière m'obligeant à descendre pour tirer le kayak dans 5 cm d'eau vers un peu plus de profondeur.
Arrivé à l'enrochement, je descends rive droite pour visualiser. C'est le côté où il y a le plus d'eau, mais pour passer à la cordelle la rive ne me semble pas très praticable. Je choisis de passer par l'autre côté. Le passage est moins fluide, mais plus facile à suivre à pied. Une demi-heure m'aura été nécessaire. 6 km faits après une heure, mais 14 au bout de deux, je sens que ça accélère.
A 10 h je franchis la barre des 100 premiers km. Je trouve que la Loire maintenant plus large est moins lisible pour trouver les bonnes trajectoires. Je me suis même retrouvé dans un bras fermé m'obligeant à faire demi-tour. Un peu de vent favorable, même si je ne pense pas que c'est ce qui me fait accélérer à une moyenne de 8 km/h. A 12h30, 37 km faits, pause déjeuner avec à nouveau un petit bain en apéro, j'ai confirmation que le courant a forci car je ne l'étale pas à la brasse.
Après une belle journée, je m'installe au camping avec un accès direct à partir de l'Aron (une rampe béton avant de tourner dans la vieille Loire). Le temps de monter la tente et de prendre une douche, la pluie arrive. Direction le resto... pas facile de trouver un vrai resto parmi tous les kebabs ! Une dame qui promenait son chien m'a indiqué le « Grill » à la sortie de la ville (sans elle je ne l'aurai pas trouvé). Très bien mangé dans un jardin  couvert. Retour au camping sous la pluie, le blouson de pluie a trouvé son usage !

Bons débuts  :bravo: :bravo: :bravo: ...

J4 : Vendredi 18/6	36,40 km	Decize	Nevers
Départ	8h00	Temps rame	4h35
Arrivée	14h40	Cumul distance	176,70 km

Levé à 6h30, avec un agréable rayon de soleil. Mes copines les grenouilles m'ont accompagnées une partie de la nuit. A 8h je libère la place au cygne, qui est content de retrouver son accès au camping.
Navigation de 800m afin de débarquer sur la cale permettant la sortie pour charioter et contourner le barrage de Decize. L'accès à la Loire est facile, il y a juste 200m à faire au milieu de la circulation avant de descendre par une petite rue sur la gauche. Je n'ai pas chaviré sur la Loire, mais j'ai réussi à le faire avec le chariot en voulant remonter sur le trottoir !!! C'est moins humide que sur l'eau, mais le camion qui arrivait a dû trouver ça bizarre ! Suite à ce chariotage je décide, si je suis au camping le soir, de réduire ma quantité d'eau et ne conserver qu'une réserve de sécurité, limitant ainsi la charge à déplacer.
Mon estimation pour Imphy est fausse (3 km de rab), comme j'ai prévu d'y manger, je dois donc attendre encore un peu. Le passage de l'enrochement avant le pont (rive gauche) a été sportif, mais sympathique. Le bateau a bien frotté avant de faire la bascule ! Passage du pont à 12h30, c'est la pause repas après 33 km. Le petit bain apéro est encore d'actualité. Tomate, lyophilisé végétarien, beurk (recette à ne pas renouveler) !
A 13h30 départ direction Nevers. Je suis surpris de déjà voir le pont de l'Autoroute, même s'il est encore à plus d'un km. En fait j'ai retrouvé ma première référence kilométrique.
L'arrivée sur Nevers est jolie avec vue sur la cathédrale, mais le vent (dans le nez) s'est levé, même s'il ne me fait pas perdre beaucoup en vitesse, c'est chiant de pagayer face au vent, et surtout il fausse la lecture de l'eau.
Je ne sais pas trop par où accéder au camping et je ne le vois pas, situé sur la rive gauche, j'approche par ce côté. Il n'y a pas d'eau, je descends pour tirer le kayak car j'aperçois un truc en bord de plage. Bien vu, de près, c'est un panneau indiquant un passage dans la haie pour accéder au camping. J'ai tout déchargé pour envisager un chariotage sauvage. Dans le camping deux jeunes à vélo venant de Nantes, direction Vienne, m'ont donné un coup de main salvateur pour un portage, plus facile ! Demain il faudra charioter en sortant du camping et traverser la plage. Installation et douche, farniente et un peu de lecture  avant d'aller au resto sur le port du canal. Au retour, beau spectacle du coucher de soleil qui traverse les vitraux de la cathédrale.
Je ne sais pas trop par où accéder au camping et je ne le vois pas, situé sur la rive gauche, j'approche par ce côté. Il n'y a pas d'eau, je descends pour tirer le kayak car j'aperçois un truc en bord de plage. Bien vu, de près, c'est un panneau indiquant un passage dans la haie pour accéder au camping. J'ai tout déchargé pour envisager un chariotage sauvage. Dans le camping deux jeunes à vélo venant de Nantes, direction Vienne, m'ont donné un coup de main salvateur pour un portage, plus facile ! Demain il faudra charioter en sortant du camping et traverser la plage. Installation et douche, farniente et un peu de lecture  avant d'aller au resto sur le port du canal. Au retour, beau spectacle du coucher de soleil qui traverse les vitraux de la cathédrale.

J5 : Samedi 19/6	38,40 km	Nevers	La Charité-sur-Loire
Départ	8h15	Temps rame	4h10
Arrivée	14h40	Cumul distance	215,10 km

Levé 6h30. Départ du camping à 7h30 pour retrouver la Loire, après avoir traversé la route je suis en haut de la plage, après le pont. Même si un bulldozer avait nivelé le tout, les 100m de sable ont permis un bel échauffement matinal ! J'avais pourtant tout vidé et fait deux trajets avec les sacs. Bref début de navigation à 8h15.
Le bec de l'Allier arrive vite, mais je ne sais pas trop par où passer entre les différents petits bras. J'ai choisi la droite où j'ai failli m'échouer, des murs de sable masquent l'Allier jusqu'au dernier moment. Je vois mes premiers bateaux de Loire, puis mon premier bateau à moteur conduisant un pêcheur sur son coin de prédilection. Je sens toute l'influence de l'Allier dans la vitesse sur le fond (moyenne à 9km/h !). La Loire est beaucoup plus droite, on en voit pas le bout... Finalement arrivé au bout, plus de fond, une gravière ! Je rattrape un canoë en promenade avec 3 personnes à bord, d'autant plus facilement que j'ai, à priori, mieux évité des échouages. Mais ce sera mon tour un peu plus loin ! A 12h30 je suis au pont de la Charité-sur-Loire. Je prends la passe indiquée pour les canoës, ça déménage bien. J'ai aussitôt tourné à gauche, je me souvenais avoir lu que c'était le moyen d'accéder au camping. Je demande à deux pêcheurs si c'est le bon chemin ? Ils me disent : non. Il est de l'autre côté et il faut faire le tour de l'ile. Je les écoute et repars sur le fil de la Loire. Erreur !!! Si ça file bon train, la pointe de l'ile n'est pas toute proche et surtout pour remonter il y a 300 m à faire contre un courant aussi fort que sur le bras principal. Entre tractage depuis les bords et bac j'arrive en dessous du camping après 30 minutes d'efforts.
Débarquement de tout le matériel en haut de la berge. Par chance les jeunes du club de kayak local arrivent à point nommé pour m'aider à porter mon bateau. Le camping n'ouvre qu'à 15 h. En attendant, j'en profite pour manger.
Dès l'ouverture je rentre au camping, là le gérant m'explique qu'à 100m un petit escalier au pied du pont permet d'accéder directement au camping. Maudits pêcheurs !!! Des canoéistes rencontrés plus tard, m'ont expliqué que ce gérant les avait aidés en transportant leurs bidons avec sa voiture, sympa !
La routine de l'installation se met en place, tente montée, douche, lessive à sécher, en vêtements de « ville ». A 16h30 je pars visiter La Charité-sur-Loire.  J'espère qu'il ne va pas pleuvoir il fait de plus en plus lourd depuis que je suis arrivé. La ville est vraiment mignonne, une bière dans un bar et retour direction le camping. Pas le temps de dire ouf que des cordes se mettent à tomber. J'arrive au camping trempé jusqu'aux os, la lessive qui devait être quasi sèche est à tordre ! Bon j'ai encore une tenue sèche. Je peux mettre mes affaires à sécher dans le local collectif du camping, elles seront sèches le lendemain. Je retourne en ville espérant trouver un truc où manger. La pizzeria à côté du pont me dit qu'avec la pluie toutes les réservations terrasses vont se retrouver à l'intérieur. Avec la jauge Covid, ils n'auront pas de place. Le temps de discuter, la chance est avec moi. Un coup de téléphone d'annulation. Du coup j'ai ma place. Pas de regret car leur pizza est extra.

Retour au camping où je me couche en musique car la guinguette locale a programmé sa fête de la musique.

Retour au camping où je me couche en musique car la guinguette locale a programmé sa fête de la musique.                   

J6 : Dimanche 20/6 (+ petite étape)	33,40 km	La Charité-sur-Loire	Cosne-sur-Loire
Départ	8h00	Temps rame	3h40
Arrivée	12h25	Cumul distance	248,50 km

Levé 6h20. La mise à l'eau est plus facile que la sortie. Le soleil a refait son apparition rapidement, mais pas pour longtemps. La température a également chuté. Du coup sortie du top étanche, que je ne quitterai quasi pas jusqu'à la fin. Dire que c'est un truc qui aurait pu (dû) ne jamais sortir !
Pouilly-sur-Loire est à 14 km. J'ai décidé d'y faire ma pause pour photographier la gravure sur le pont indiquant le mi-parcours de la Loire.
Après hésitation, bien que Pouilly soit rive droite, j'ai pris le bras gauche, car plus large, pensant que je pourrai croiser au niveau du pont. Mais je suis arrivé sur plusieurs îlots. Je descends sur l'un d'eux, pensant pouvoir rejoindre la rive à pied. Mais un bras trop profond me bloque le chemin. J'ai repris le kayak pour rejoindre la rive plus bas. En traversant « la forêt vierge » j'ai réussi à rejoindre le pont pour faire la photo traditionnelle.
Ensuite le ciel a commencé à s'assombrir avant que la pluie arrive à grosses gouttes. Sur cette portion la Loire est parsemée de gros rochers plus ou moins visibles, et encore moins avec ce temps bouché.
Arrivé à St-Satur, il pleut encore à grosses gouttes, mais il est un peu trop tôt pour s'arrêter au camping, surtout pour s'y installer sous la flotte !
Finalement arrivé à Cosne-sur-Loire à 12h25 la pluie s'est arrêtée. Je me suis tout de suite installé au camping profitant d'un préau pour pouvoir me poser au sec. Je peux y étendre mes affaires, espérant qu'elles sècheront.
Un marcheur vient me retrouver pendant que je mangeais, il va à Orléans. Il est très curieux de mon voyage et du matériel. Un futur adepte ?
Si la Charité est un beau village, Cosne-sur-Loire a la tristesse des villes dont le centre ville meurt. Les vitrines vides et poussiéreuses ne font rêver ! J'ai tout de même trouvé un resto sympa, conseillé par les gérants du camping.
Finalement l'humidité ambiante m'a fait opter pour un cycle de sèche-linge. Avantage du camping pour pouvoir repartir sec.
Ces 3 derniers jours les prévisions météos avec des orages violents annoncés dans l'après-midi m'ont fait faire des étapes plus courtes me permettant d'être à l'abri au camping de bonne heure.
Ce sera encore le cas demain. Gien devrait faire l'affaire. Au pire je pourrais stopper à Briare.

Ce sera encore le cas demain. Gien devrait faire l'affaire. Au pire je pourrais stopper à Briare.

J7 : Lundi 21/6	43,90 km	Cosne-sur-Loire	Gien
Départ	8h00	Temps rame	5h05
Arrivée	13h45	Cumul distance	292,40 km

Levé 6h30. Temps mitigé le top est encore de sortie. Je vois rapidement les tours de refroidissement de la centrale de Belleville. Mais elles sont à plus de 10 km. Regarder devant donne le sentiment de faire du sur place, alors j'évite. Mais passer à coté est vraiment impressionnant. Passage en chariot nickel c'est bien aménagé.
Chatillon-sur-Loire, super ! Je suis passé du bon côté (tout à gauche) pour pouvoir profiter du site de Mantelot. C'est une grosse infrastructure.
Arrivé à Briare, le beau temps est de retour, idéal, donnant envie de naviguer toute la journée, malgré quelques gravières très déroutantes. La règle de l'extérieur du méandre n'est plus forcement vraie.
Arrivé à Gien à 13h30, je n'ai pas voulu refaire le coup de la Charité, j'y suis donc allé petit à petit. Un premier arrêt au niveau de la grande plage me faisant craindre un chariotage pénible. En traversant le camping j'ai trouvé plus bas un accès canoë. Ouf ! Pas de salle commune dans ce camping. Vu les prévisions météos, ils m'ont proposé de m'installer sous une tente sur pilotis. Me voilà encore avec un toit au-dessus de la tente et du kayak. Il y a une piscine, j'imagine aller faire trempette cette après-midi. Mais après m'être installé, pris une douche et déjeuné, les éclairs et le tonnerre ne m'en ont plus donné envie.
L'orage passé, je suis allé faire un petit tour en ville. J'ai finalement choisi d'aller au resto adossé au camping. Une horreur ! Rapport qualité prix désastreux, service nul ! Si j'avais su... Des voisins sont venus s'installer dans la tente cabane à côté. Un couple à vélo, avec chacun une remorque fermée. Je pensais en voir descendre des enfants, non des chiens ! Super ! Sages et tranquilles. Pour eux c'est le pied un peu de course à côté des vélos, et remorque pour se la couler douce.

J8 : Mardi 22/6	53,30 km	Gien	Jargeau
Départ	8h05	Temps rame	6h40
Arrivée	16h40	Cumul distance	345,70 km

Levé 6h20. Journée maussade, ciel couvert. A priori moins de courant, un peu de vent de face. J'ai l'impression de ne pas avancer. Après une petite heure de navigation c'est la centrale de Dampierre, avec sa rampe la passer est une formalité. Moral un peu dans les chaussettes, le passage à Sully-sur-Loire, bien que joli ne m'a pas reboosté. Je choisi de m'arrêter au prochain camping, St-Benoit-sur-Loire, 3.5 km à faire ce sera une étape de 33km ça va ! A 12h30 j'y arrive. Surprise, il est à l'abandon ! Mais il y a des tables de pique-nique. Je vais au moins manger là. J'envisage planter la tente et bivouaquer. Un groupe de cyclistes arrive et s'installe aussi pour déjeuner. On n'en a pas le temps, une belle averse nous fait fuir sous l'auvent d'une cabane, vestige du camping.  L'averse passée, on s'installe pour manger. On discute, ils viennent de Dunkerque pour aller à Parais le Monial. Ils sont habitués à voyager ensemble. Ils ont suivi la côte jusqu'à Caen pour rattraper ensuite Angers puis la Loire à vélo. Repas terminé, le p'tit rayon de soleil, cette rencontre ? Je décide finalement de repartir en me disant que je m'arrêterai à Chateauneuf-sur-Loire à 11km. Au moment de partir, je vois arriver le couple avec les chiens. Je remonte discuter avec eux. Ils sont surpris de me voir déjà là. Eux, ont prévu d'aller faire étape à Jargeau. Ils s'installent pour manger, je les quitte et reprend ma navigation. Le temps est plus clément et je retrouve du plaisir à naviguer, bien que je me fasse encore piéger par quelques gravières !
Jargeau commence à me trotter dans la tête. Ça ne fait que 5 km de plus.
Surprise, au loin j'aperçois un bateau traditionnel bardé d'orange. Ce sont les gilets de sauvetage portés par les enfants d'une sortie scolaire, qui font un tour sur la Loire. Je m'approche et là : les questions fusent... Comment tu t'appelles ? Comment du dors ? Comment tu manges ? Où sont tes jambes ? Etc...
J'en profite pour interroger le capitaine sur le passage du vieux pont à Orléans. Ça me préoccupe (des témoignages évoquant deux passages délicats aux niveaux des ponts). Selon lui ça doit passer ! Chacun reprend le cours de sa navigation. Je ne doute pas que je serai dans le compte rendu de la sortie.
J'arrive à Châteauneuf avec une nouvelle averse, du vent. Je fais un stop devant le camping, il faut charioter sur la plage. S'installer sous la pluie ? Je repense à Jargeau, le camping est noté avec un accès direct par la plage. Allez, je continue...
Bien que le vent forme un clapot assez pénible à naviguer, même si après 6h de rame je tiens toujours une moyenne de 8km/h. Finalement après 5km, pas de pont en vue ! Je me suis encore planté dans mon calcul de distances. Je vais faire 4 km de plus avec le vent qui forcit. Arrivé au pont, je vois 2 canoës se diriger dans un petit bras. Je les suis pensant qu'ils allaient au camping. Je les interroge, ils sont comme moi, il cherche à débarquer, mais ils vont dans un gîte. J'avance un peu plus loin et m'arrête sur la grande plage pour aller en repérage. En arrivant sur la route qui mène au camping je vois arriver le couple avec les chiens. On va ensemble à l'accueil du camping. En fait pas d'accès direct. Il va falloir charioter, une traversée de plage plus un chemin goudronné qui mène au camping. Je m'installe, j'aurai les mêmes voisins que la veille. Là encore après la douche, lessive, j'opte pour le sèche-linge pour repartir avec des affaires sèches. Echauder par le resto de Gien, je choisis d'aller à l'auberge du Cheval Blanc. Plus qualitatif et moins cher ! Venant du camping, j'aurai même droit à un kir offert. A la table voisine, je retrouve les gars en canoës. On discute de nos projets. Ils ont pris des bateaux en location à Nevers pour faire Vichy-Tours. Le loueur les a conduits à Vichy et ira les récupérer à Tours. Ce sont eux qui ont eu le coup de main à la Charité.

J9 : Mercredi 23/6	47,20 km	Jargeau	Beaugency
Départ	8h05	Temps rame	5h40
Arrivée	15h30	Cumul distance	392,90 km

Levé 6h20. Après chariotage sur la plage, départ sous un temps couvert. Arrivé au niveau d'une île, je vois un couple de kayakistes pliant leur bivouac. Je m'approche et discute avec la femme, qui prépare son kayak au bord de l'eau. Je m'interroge toujours sur le passage d'Orléans. On échange sur le sujet. Leur loueur les a rassurés en disant que ça doit passer en naviguant, pas de portage. On verra, je poursuis ma route.
L'arrivée à Orléans, le canal en surplomb est vraiment majestueux. Une rampe me permet de descendre facilement pour monter au niveau du canal et admirer la vue.
J'arrive aux ponts. J'ai tout sécurisé au cas où... Le passage du premier pont est agité, mais se passe sans problème, la jupe a rempli son office dans ce bouillon. Je m'arrête tout de suite après, car un groupe de kayakistes s'entraine. Je pose la question au moniteur concernant le 2^ème pont. Pour lui pas de souci avec un kayak de mer, ça doit juste secouer, pas de cailloux cachés. En effet c'était bon, de belles vagues, j'ai fait un peu le sous marin mais là encore merci la jupe !
Pause repas sur une petite île en face de St-Mesnin. Je continue vers Beaugency avec le vent dans le dos depuis Orléans, ça change !
Orléans, pour moi avait une signification particulière, c'est un virage. Au propre, comme au figuré. Géographiquement c'est une réalité. Dans mon esprit, Orléans passé, j'étais sûr d'aller au bout. J'ai l'impression de rentrer à la maison, j'arrive dans une région plus connue.
J'arrive à Beaugency en même temps qu'un groupe de canoës qui accoste au niveau de l'accès au camping. Une chance pour moi car pour y accéder, un beau talus avec des marches en rondin de bois, j'ai encore pu bénéficier d'une aide précieuse. En discutant avec eux, deuxième chance, ils étaient l'avant-veille à Jargeau et la veille à Orléans où ils ont pris un orage carabiné, alors que nous à Jargeau on n'a rien eu. Un peu plus tard arrive le couple vu le matin à leur bivouac. A priori la traversée d'Orléans a été plus humide ! Par rapport aux personnes croisées, j'ai l'impression de bien avancer. Mon kayak est vraiment top.

J10 : Jeudi 24/6	51,30 km	Beaugency	Chaumont-sur-Loire
Départ	7h50	Temps rame	6h05
Arrivée	15h30	Cumul distance	444,20 km

Levé 6h30. J'ai encore profité d'un des canoéistes pour descendre le bateau par l'escalier. Curieux, il observe tout mon rangement et ma mise en route avec mes petites manies.
J'arrive à la centrale de St Laurent. Une petite inquiétude car je ne vois pas d'aménagement et la «bible» n'était pas très positive sur ce portage. Je débarque pour aller en repérage, espérant que ce n'est pas par là car ce n'est qu'un sentier au milieu d'arbres. Arrivé au bout du chemin, je vois un aménagement avec rampe bétonnée, ouf ! En fait je suis sur un îlot, Je réembarque pour y accéder. Roder au chariotage, en ¼ h c'est passé.
A la pause à St-Dyé j'ai vu le soleil pointer son nez. Encore quelques km et je retire le top, passe au chapeau et crème solaire !
Je n'ai pas l'intention de m'arrêter au camping situé avant Blois. Je préfère passer les difficultés Blésoises et pousser jusqu'à Chaumont-sur-Loire où le camping est, à priori sympa, sans portage ! Vraiment en bord de Loire ? Un petit coucou à un couple de kayakistes qui pique-nique. Je les retrouverai le soir comme voisins de camping.
Je guette  les difficultés annoncées (seuil avec rappel possible). J'arrive sur de vieilles piles de pont, d'après le plan de la «bible», je pense que c'est là. Ça passe sans problème... En fait ce sera plus loin, juste avant le pont de la rocade, j'entends le bruit de l'eau un peu tard. Plutôt que de risquer une manœuvre d'évitement qui pourrait me mettre en difficulté, je compte sur ma longueur. Je maintiens le kayak dans sa ligne et accélère. Je passe sans problème, le rappel était là mais court et proche de la barre. Ce qui est dommage, c'est qu'un fléchage existe mais on le voit très (trop) tardivement.
A l'approche du vieux pont, j'entends un ronron sourd. Je pense à la circulation dense à cette heure sur le pont, sans doute l'effet d'un feu rouge, elle s'arrête. Mais toujours le même bruit. Au feeling, je prends la bonne arche (milieu), juste de belles vagues qui, ponté, se traversent sans problème. Sous les autres beaucoup de cailloux. La «bible» n'en parlait pas, mais ce passage du vieux pont de Blois est également sportif.
Arrivé en terrain plus calme, je m'arrête sur un îlot pour déjeuner. En repartant je me rends compte que ça dépote, je suis en permanence à 9-10 km/h, heureusement ! J'avais visualisé cette partie en empruntant la départementale qui longe la Loire lors d'un trajet en voiture. Je m'étais alors dit : que cette partie de Loire, en ligne droite infinie devait être interminable... Mais avec, en prime, un peu de vent dans le dos, je suis à Chaumont à 15h30, après être passé devant l'embouchure du Beuvron.
Je vais visiter Chaumont, acheter brioche, barres céréales (à défaut de Bounty, mon pêché mignon pour mon 10h), fruits et tomates j'ai mangé les dernières. Je reprends aussi de la crème solaire imaginant que j'en aurai besoin... Le château n'est pas visible depuis la ville. Je ne le verrai que le lendemain de la Loire.
De retour au camping, qui est bien en bordure de Loire sans chariotage, je retrouve, installé à côté de moi, le couple vu avant Blois. Ils font le même trajet que moi, ils sont partis le 10 juin du même camping où ils ont laissé leur voiture. En couple ils font plus de tourisme, même s'ils m'ont dit que d'aller visiter n'était pas simple. Ils stopperont également à Nantes pour que l'un des deux retourne chercher la voiture, en train, pour rentrer chez eux près de Metz.

J11 : Vendredi 25/6	37,20 km	Chaumont-sur-Loire	Vouvray
Départ	8h15	Temps rame	4h30
Arrivée	13h30	Cumul distance	481,40 km

Levé 6h30. Je pensais trainer un peu au lit ce matin. Mais en regardant dehors, je vois deux méga montgolfières prendre leur envol. Du coup photos etc...

Rangement rapide, mais en partant je discute avec mes voisins de nos programmes respectifs.  Le beau temps est là mais avec un peu de vent dans le nez. Même si ça ne me ralentit pas trop, c'est chiant de se sentir freiné. Il n'est plus vraiment nécessaire d'analyser l'eau. C'est tout droit et il y a du fond. Il faut juste essayer de trouver la veine de courant la plus forte.
Débarquement à Amboise pour choisir l'arche sous laquelle passer (ce sera la 1^ère). C'est l'occasion d'admirer le château et de l'immortaliser. J'ai dû faire sensation en tenue kayak à déambuler dans la rue.
Ensuite la Loire est un grand boulevard, plus aucun point de repère. Les villages signalés sur la carte ne sont pas visibles depuis la Loire. Je bataille toujours avec le vent.
Je n'ai pas encore tranché sur ma destination du jour. J'ai contacté un camping à Vouvray pensant que c'était celui de la carte. Le gérant m'a expliqué qu'on peut y accéder en remontant la Cisse (affluent de la Loire) et qu'il viendra m'ouvrir le portail. Après relecture de la «bible» je me rends compte que le camping référencé est à Montlouis. J'aviserai sur place.
J'arrive à Montlouis. Comme signalé le camping n'est pas visible de la Loire. Il n'y a surtout aucun moyen de débarquer et monter jusqu'à la route qui permettrait d'y accéder. Je lâche l'affaire et opte pour le plan B, Vouvray. Au passage je repère une île qui me fera un bon bivouac si nécessaire, car je ne veux pas passer Tours maintenant. Il n'y a pas de camping immédiatement après et en aval c'est un parc naturel, je crains de trouver des interdictions de bivouac (finalement c'eût été possible).
A partir de l'embouchure de la Cisse, je remonte à contre courant ce petit ruisseau avec peu d'eau et beaucoup d'arbres couchés. Au bout d'1 km, j'arrive enfin à l'arrière du camping  avec le portail évoqué la veille par le gérant. Oui mais comment débarquer ? Je devais avoir de l'eau à mi-mollet mais en prenant appui, la jambe s'enfonce jusqu'à mi-cuisse dans la vase. Une fois sur la rive il me faut remonter le kayak au milieu de vieux pieux d'un hypothétique ponton ! Après l'avoir vidé je le hisse jusqu'à une plateforme pour organiser le chariotage. Avec tout ça, il est 14h, pile poil l'heure pour téléphoner au gardien. L'homme arrive et m'ouvre le portillon, non sans mal la serrure n'ayant certainement pas vu la clé depuis un moment ! Je peux m'installer dans ce charmant petit camping. Je verrai demain pour repartir. Si le chargement devrait se faire facilement et le kayak glisser dans l'eau mais quid de l'embarquement ???
La météo prévoit de la pluie pour la nuit. Avant ça, petite visite de Vouvray (pas des caves !) Resto le soir, c'est le premier qui demande les mesures Covid : inscription ou QRcode !

J12 : Samedi 26/6	59,40 km	Vouvray	Chouzé-sur-Loire
Départ	8h00	Temps rame	6h40
Arrivée	17h00	Cumul distance	540,80 km

Levé 6h40. La nuit a bien été pluvieuse, alors j'ai pris le petit dèj dans les sanitaires. Une petite accalmie me permet de plier la tente mouillée. Elle séchera ce soir...
J'ai finalement réussi à embarquer facilement, grâce aux vestiges des poteaux qui m'ont donnés un bon point d'appui. Descente de la Cisse pour retrouver la Loire.
Arrivé à Tours, je suis surpris de ne pas voir de monuments historiques en bord de Loire.
Je descends repérer le passage du pont qui pose problème. Je peux accoster juste avant pour passer à la cordelle. N'ayant pu monter sur le quai, je fais ma cordelle en pataugeant sous le pont, m'accrochant comme je pouvais au quai, pas terrible. Une fois de l'autre côté, je reste convaincu que passer en naviguant aurait été possible. La «bible» ne l'envisageant pas je suis resté dans les conseils préconisés.
Quelques km plus loin, je retrouve l'embouchure du Cher, pas très grand ! Le passage sous le pont de la voie ferrée était l'a aussi sportif, mais sans problème. J'y retrouve plusieurs canoës en balade.
Pause déjeuner à Bréhémont. J'ai un message de Pauline (ma fille) qui envisage profiter du week-end pour venir faire la PomPom girl avec Matthieu! Après étude de la carte, je n'avais pas trop envie du camping de la Chapelle-sur-Loire. En plus le temps qu'ils fassent la route j'arriverai bien avant eux. On se fixe rdv au camping de Chouzé-sur-Loire, le timing devrait correspondre. On a également convenu qu'ils pourraient me voir passer sous le pont après la centrale de Chinon qui se passe normalement sans portage. Il n'y a pas de barrage nécessaire au refroidissement de ses réacteurs.
Je fais un stop sur la berge juste en face car j'ai ¼ h d'avance sur les paparazzis ! Je repars dès qu'ils sont sur le pont. Résultat de belles photos et vidéos prises hors du kayak. Idem à l'arrivée sur la plage du camping. Encore un chariotage à travers la plage, mais là j'ai un coup de main. Jell'y me fait une méga fête et n'en revient pas de me voir sortir de l'eau, d'autant plus qu'elle n'a pas eu la possibilité d'y aller. J'espère qu'elle ne caftera pas à mes Chonchons !
Après la routine de l'installation, on est allé se prendre une bière dans une guinguette en bord de Loire, avant le resto que Matthieu a trouvé à Fontevraud, vraiment top +++. Retour au camping à 22h passé. Je ne me suis jamais couché aussi tard ! Mais pour une superbe soirée, ça valait le coup...

J13 : Dimanche 27/6	39,80 km	Chouzé-sur-Loire	La Ménitré
Départ	8h30	Temps rame	4h20
Arrivée	13h40	Cumul distance	580,60 km

Levé 7h. Depuis le milieu de la nuit, il pleut, c'est plus difficile de sortir du duvet ce matin. J'ai commencé par tout ranger dans les sacs étanches avant de mettre le nez dehors. P'tit dèj dans les douches histoire de rester sec. Accalmie au moment de plier la tente mais elle est trempée !
Départ sans problème après l'échauffement du chariotage plage. Arrivée à Montsoreau je vois un marché sur le quai. Une envie. Ni une ni deux, j'accoste et monte voir s'il n'y a pas de marchand de brioche. Eh non ! Mais la boulangerie est juste à côté, sacré look en tenue kayak, même si j'ai laissé jupe et gilet. Un pain au chocolat comme rab de p'tit dèj, une boule et une brioche pour la fin du voyage. Le paysage est vraiment très joli, photos et re-photos.
Arrivé à Saumur, il est dommage que le temps soit couvert car le château qui domine et qu'on voit de loin aurait été magnifique au soleil levant. Pause à 10h pour admirer. A peine reparti il commence à pleuvoir.


A Saumur c'était également le marché, avec des bateaux traditionnels aménagés en étals. Je regrette qu'il n'y ait eu que vins et saucissons, des fruits auraient fait mon affaire et se mettre à couple pour faire ses courses eût été rigolo.
Depuis Montsoreau la Loire a un balisage de canal. Je zigzague toujours mais plus besoin de réfléchir, le chemin est tracé pour toujours suivre la veine principale de courant. Ça m'arrange car maintenant il tombe des cordes.
Petite accalmie avant Gennes/Loire. Je pense m'arrêter pour déjeuner et bing il repleut de plus belle. La tête dans le guidon j'avance, je mangerai en arrivant.
Un camping à St-Mathurin et un à La Ménitré (pas noté dans la «bible»), c'est le premier. Je regarde, accès facile sur une vraie cale de mise à l'eau. Un chariotage jusqu'au camping où je vois un préau sous le bloc sanitaire construit sur pilotis. Il y a déjà deux cyclistes installés au sec. Je les rejoins, sors la tente trempée et la monte sous le préau pour qu'elle sèche, pareil pour les vêtements. Une douche bien chaude, lessive et je peux manger.
L'après-midi c'est l'alternance des averses et du soleil. Je profite d'une éclaircie pour aller prendre une bière à la guinguette voisine. La tente sèche, je l'installe sur l'herbe, je laisse le kayak à l'abri. J'aurai ainsi mon salon, ma cuisine et mon dressing au sec.

J14 : Lundi 28/6 (+ grande distance)	64,00 km	La Ménitré	St- Florent-le-Vieil
Départ	7h40	Temps rame	6h35
Arrivée	15h35	Cumul distance	644,60 km

Levé 6h20. Pour la 1^ère fois j'ai eu froid cette nuit. J'ai sorti la polaire vers 3h du matin. Levé comme d'hab la routine étant là et pas de plage à traverser, à 7h40 je suis parti. Ça tombe bien car cette météo ne me donne pas envie de trainer en route. Je prévois une grosse journée, aller jusqu'à St Florent, pour finir le lendemain.
La traversée des Ponts de Cé est sans problème le balisage s'arrête là, je le retrouverai à Bouchemaine. Les bords de Loire sont de plus en plus urbanisés, avec les nuisances qui vont avec. Je n'ai plus l'habitude d'entendre les tractopelles, débrousailleuses etc...
Après Bouchemaine, j'ai à nouveau le droit d'être arrosé ! Je mets mon chapeau « Australien » qui finalement protège aussi bien du soleil que de la pluie. Après plus de 2h à me faire mouiller, j'arrive au bout de l'île de Chalonnes avec une éclaircie. Le soleil refait son apparition à Montjean. J'en profite pour faire mon stop sur un banc de sable. Il est 13h et j'ai déjà fait 50 km. Un repas bien chaud, et pour la 1^ère fois terminé par un café. Avec ça la quinzaine de km restante devrait se faire facilement.
J'ai bien fait de ne pas avoir choisi le camping d'Ingrandes car, à priori, il n'existe plus. En remontant le bras vers St-Florent le Vieil le ciel s'assombrit, j'entends au loin le tonnerre et vois quelques éclairs. Il me reste un km quand je me prends une grosse averse, limite grêle. J'approche du pont pas signe de camping, pas d'accès visible. Je m'arrête sous le pont, je suis ainsi abrité. Une tente est là mais c'est celle d'un SDF. Je vais en reconnaissance et le camping est juste au dessus avec un portillon. Je monte le kayak dans l'herbe pour pouvoir charioter. Entre temps le soleil est revenu. Je m'installe sous la grande tonnelle servant d'abri aux campeurs. Je suis vraiment rodé, arrivé à 15h35, à 16h20 la tente est montée, je suis rasé, la douche est prise et la lessive est à sécher.
La gérante vient à 17h et trouve que le kayak sous sa tonnelle c'est original, et va l'immortaliser pour agrémenter leur web ! Dernier diner avec mon dernier plat lyophilisé.

J15 : Mardi 29/6	51,70 km	St- Florent-le-Vieil	Vertou
Départ	7h30	Temps rame	6h15
Arrivée	15h30	Cumul distance	696,40 km

Levé 6h10. Je rejoins la Loire en me faisant le plus discret possible pour ne pas réveiller le SDF. Je pars comme une fusée, le courant est avec moi, les bouées de chenal sont bien inclinées. Après 2h, j'ai déjà fait 20 km ! Je ne suis jamais allé aussi vite. La marée est haute à Nantes à 8h30 coef. 75. J'imagine qu'il ya un petit décalage pour Ancenis. Je pense récupérer le courant de marée à Ancenis et je me vois déjà arriver à Nantes pour midi !!! A ma grande surprise au niveau de Champtoceaux quasi plus de courant, à peine 1km/h ??? La bascule de courant n'a pas eu lieu ? Ça m'étonne. En plus le vent se lève, évidemment de face. Une seule explication, la Loire veut me garder un peu plus longtemps. L'avancement se fait avec des repères qui me sont familiers.  Les ponts connus s'enchaînent, souvenirs de marches dans le secteur. L'agglo Nantaise m'ouvre ses portes.
J'arrive à l'écluse de pont Rousseau, comme prévu elle est fermée (ouverte 1h avant et après la PM. Je ne peux pas tout avoir !) Je veux rentrer par la Sèvre. Je cherche un accès pour sortir. Pas simple, heureusement que je ne suis pas venu faire de reconnaissance avant de partir, j'aurais fait des cauchemars !
La seule solution est la digue en enrochement, avec la vase en prime ! J'arrive à débarquer sous les urgences des Nouvelles Cliniques. J'escalade pour voir si je peux accéder au chemin de promenade. C'est chaud, mais jouable. Après avoir hissé le kayak sur les 1^ères pierres je l'amarre aux arbres à l'avant et à l'arrière pour qu'il ne glisse pas pendant le déchargement. Je vide sac par sac et les monte, en m'aidant de la corde, en haut du talus. Une fois allégé, je le hisse doucement sur les rochers, j'ai mal au cœur de lui faire subir ce traitement. Une fois en haut, je peux charioter. Je souris en voyant la tête de l'ambulancière qui était à fumer sa cigarette sur le chemin lorsque qu'elle m'a vu sortir des fourrés tirant mon kayak... Je pense que les passagers du tramway ont eu le même étonnement en me voyant avec mon attelage sur la piste cyclable de pont Rousseau ! Une fois passé, je peux rejoindre la Sèvre grâce à une ancienne cale bien envasée. Avec les travaux à la Chaussée aux Moines, je ne pourrai pas débarquer au niveau de l'écluse de Vertou.
L'arrivée sera donc à la cale de Beautour. C'est très bien, si j'oublie les 10 cm de vase... Françoise m'attend dans l'herbe, le bain de vase ne la séduit pas ! Après nos retrouvailles, il n'y a plus qu'à tout charger dans la voiture, qui grâce à Jean-Marc est déjà là.
Le bateau sur le toit et direction la maison, enfin presque... on n'a pas pensé qu'il y a une barre de hauteur à l'entrée du parking. Ça ne passe pas ! Il faut redescendre le kayak, passer la voiture, recharger !
Un petit km et on est à la maison, là les chiens sont contents de me retrouver et le manifestent. Le reste de l'après-midi sera consacré au rangement et surtout au dévasage...

Bilan : 15 jours - 696 km – 83h de temps de rame (+ou- 5h30/J) – 60 000 coups de pagaies estimés

Belle descente de Loire. merci pour ce partage  :bravo: :bravo: :bravo:

Merci, super topo, cela donne envie  :bravo: :bravo: .

Super descente Frisbee, et ton CR est génial. Avec des belles photos  :good: :good:

Salut Frisbee! Merci pour ton récit, d'un fleuve que je connais pas trop mal. Je suis étonné pour le passage du pont Wilson à Tours. J'ai toujours réussi à le passer sous la dernière arche rive gauche, et il me semble que cela est indiqué dans le livre de JF Souchard...

Bravo pour le voyage et ce superbe compte rendu.

Citation de: Magic Manu le 19 Juillet  2021, 17:59:29
Je suis étonné pour le passage du pont Wilson à Tours. J'ai toujours réussi à le passer sous la dernière arche rive gauche, et il me semble que cela est indiqué dans le livre de JF Souchard...

Merci
Ouais c'est bien l'impression que j'ai eu une fois passé. C'était jouable... Mais comme dans la "bible", il était question de barre de fer, pieux etc... Sans connaître et avec un bateau chargé, j'ai préféré jouer la prudence.
Peut-être que nos remarques faciliteront le passage pour d'autres ? Mais c'est sûr que suivant les niveaux d'eau l'histoire n'est pas toujours la même !

Pour moi, le minimum pour passer est 70m3/sec.

Sur qu'on n'en lit pas tous les jours des comptes rendus comme le tien. :bravo:
Comment fais tu pour mémoriser tous ces détails, tu les notes sur un calepin à chaque arrêt, tu les livres à un dictaphone, tu as une mémoire d'éléphant ?

Citation de: LeChem le 19 Juillet  2021, 21:02:25
Comment fais tu pour mémoriser tous ces détails, tu les notes sur un calepin à chaque arrêt, tu les livres à un dictaphone, tu as une mémoire d'éléphant ?

Mon secret  :lol:  ... il vient de mon bon copain Jean Marc, qui lui à fait le GR 34 pour son projet retraite :"Si tu ne veux pas tout oublier note chaque jour dans un carnet, car même avec les photos on ne retrouve pas tout ! "
C'est ce que j'ai fait. Chaque soir, voir à la pause de midi. Je suis donc revenu avec un carnet rempli de pattes de mouches qu'il a fallu décrypter  :eek: 

Citation de: Magic Manu le 19 Juillet  2021, 21:01:22
Pour moi, le minimum pour passer est 70m3/sec.

Bon bin à postériori c'était belle et bien jouable, quand je suis passé le 26/6, selon Vigicrues, il y avait 147 m3/s !!!  J'pouvais passer 2 fois  :roll:

Superbe CR merci beaucoup pour le partage

J'ai fait Pouilly/Charlieu jusqu'à Orléans en 2016 et j'ai prévu de le refaire tout bientôt, en août. Un grand merci à toi pour ce récit bien détaillé qui me sera d'une grande aide car en 2016, je n'avais pas tout noté comme toi et j'ai oublié beaucoup des informations utiles que tu partages ici. Bien sûr, le niveau d'eau sera probablement différent en août (quoique, s'il se remet à pleuvoir...  :roll:
En tout cas, un grand bravo pour ta performance  :good: et ma reconnaissance pour tes explications  :jap:

Merci  :D
Bonne navigation à toi. On attend ton récit  :p