Le Haut Rhône : de Pont Carnot à Chanaz en rando-kayak sur 2 jours

Démarré par samy, 08 Mai 2018, 20:41:41

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samy

Bonjour à tous !

Enfin ! Cela faisait longtemps qu'elle me faisait envie cette balade. Pas de créneaux en 2017, pas assez de temps, pas la météo favorable, bref, c'était tout le temps partie remise. Et cela ne s'annonçait pas forcément mieux pour le moment en 2018 : un peu de temps libre en mai... et voilà que la météo recommence à faire des caprices. Aller, au moins 3 jours, de beau temps, de suite si possible, je ne demande que ça. C'est trop demander visiblement...

Avant de commencer, je souhaiterais adresser un grand merci à tous ceux qui ont partagé leurs informations, que ce soit sur le forum ou parfois sur leurs sites perso : rake51, Rikou, Tom2, Ours, M16, hittite pour ne citer qu'eux, mes excuses à ceux que j'oublie ici. J'ai peaufiné mon itinéraire avec les informations glanées ici et là, pour organiser les portages, évaluer les kilométrages, les points d'eau etc.

L'objectif initial : 3 jours sur le Haut Rhône, de Pont Carnot à Yenne.
Les inconnues : le temps nécessaire pour le faire en KG avec un Yakkair HP1 kinavancpabienvit... J'avais opté pour une sortie tranquille en mode « touriste-photos » à allure cool.
Les surprises : le niveau du Rhône.
Le mélange des genres : kayak et randonnée pour les portages, ou randonnée pédestre à la Tine de Parnant (si, si, c'est possible !).
Au final, randonnée écourtée en 2 jours avec arrivée à Chanaz car orages annoncés pour ce mardi 8 mai et pour ne pas déranger mon super adorable taxi de navette retour un jour férié. Pas grave malgré un petit sentiment de frustration de ne pas être allé jusqu'au bout, mais ce n'est pas grave, c'était un très bon moment sur l'eau.

Départ dimanche 5 mai, arrivé à la cale de Pont Carnot à 7h15. Déballage des affaires, gonflage, chargement des affaires dans le kayak. Le petit sac de pont chinook Aquawave 20 se loge parfaitement sous le cover-deck avant, c'est parfait, on dirait que c'est étudié pour, après avoir modifié seulement le système d'attache au kayak. Très logeable, il contient presque toutes les affaires de bivouac (abri, tapis de sol, matelas, polo, collant polaire, chaussettes, sandales, bonnet, gants et diverses affaires).

Trois autres petits sacs étanches pour compléter :

- l'un avec le sac de couchage, une doudoune et un tee-shirt
- l'autre avec 3 litres d'eau et tous les repas pour la randonnée
- le dernier pour le petit matériel nécessaire pendant la journée

Les 2 premiers sacs viendront se loger sous le pont arrière, et le petit dernier sur le pont arrière, derrière le siège.

Le chariot de kayak sera lui fixé sur le pont arrière. Ce sera son baptême !

Et là 1ère surprise. J'avais fait un repérage de la cale le 1er mai, et le débit du Rhône était alors de 550m3/s, et ce matin, c'est 285m3/s à 8h... Autant dire que le niveau d'eau a baissé de près de 2 mètres, et que la cale est désormais complètement envasée... Super le départ, super la mise à l'eau, mais je réussis à ne pas glisser et à ne pas me vautrer dans la fange (quoique les bains de boue, c'est bon pour la peau...). Les roues du chariot imitent à la perfection celle d'un tracteur qui viendrait de labourer un grand champ de terre bien grasse. Je n'ai pourtant pas prévu de faite pousser des salades sur le pont de mon kayak...

Je salue amicalement les 3 pêcheurs présents qui me demandent jusqu'où je vais aller et m'éloigne de la rive en direction du Pont Carnot...

Le lien pour ceux qui seraient éventuellement intéressés par quelques photos supplémentaires de la balade : https://www.flickr.com/photos/156445105@N04/sets/72157694841472101

rake51

Salut Samy :coucou:


Pas évident l'embarquement à Pont Carnot. Le niveau peut vite varier.
Je me suis fait avoir également en 2014 et j'avais également embarqué dans la vase.
Impatient de lire la suite de ton récit...

samy

Citation de: rake51 le 08 Mai  2018, 23:24:13
Salut Samy :coucou:

Pas évident l'embarquement à Pont Carnot. Le niveau peut vite varier.
Je me suis fait avoir également en 2014 et j'avais également embarqué dans la vase.
Impatient de lire la suite de ton récit...


Ah...Yves... ne m'en parle pas de cette vase ! C'est la seule cale de tout le parcours qui était couverte de vase ! ! ! ! J'ai commencé par la plus chiante on dirait !
La suite du récit arrive...




samy

Il y a un peu de courant, c'est agréable, ni trop ni trop peu. Le Pont Carnot est déjà là, et Fort l'Ecluse suit dans la foulée. Pas le temps de s'ennuyer dans le coin, d'autant plus que le soleil arrive rapidement, même s'il est encore assez tôt.
Il faut se méfier du vent froid sans cette gorge...? Je n'en n'aurai pas... ou alors très peu, parfois, à certains moments, mais un vent chaud... et dans le dos, histoire de pousser un peu, je ne dis pas non ! C'est loin d'être désagréable.
Les berges marquent clairement le faible niveau du Rhône, il manque de l'eau, bon, c'est le week-end, les besoin en électricité sont moindre, c'est dimanche. Il vaut mieux rester vigilant, car même si avec ce débit le Rhône n'est pas dangereux, malgré tout, quelques petites embâcles trainent par-ci par-là, quelques branches, quelques arbres, mais on les voit de loin, rien ne barre le passage, le Rhône est large. Juste toujours garder un œil sur ce qui se passe devant et sur ce vers quoi on se dirige.
Le viaduc de Longeray arrive rapidement.
A Arcine, au lieu-dit « le Moulin », la berge est inaccessible, de la vase sur plusieurs mètres. Rapidement, la Tine de Parnant est en vue, un peu avant de passer la passerelle piétonne de Grésin. Les parois sont telles que je les imaginais par rapports aux photos déjà vues. C'est juste le niveau de l'eau qui fait bien défaut. Quelques dizaines de mètres après l'entrée, le niveau d'eau devient peau de chagrin jusqu'à devenir un ruisselet tout maigrelet...de quelques petits centimètres de profondeur, et encore, à peine. Bien, le débarquement devient obligatoire et non négociable semble-t-il! Le terrain est meuble par endroits, mais ce n'est pas vaseux, le sol est même bien dur en grande majorité. J'abandonne le kayak et poursuit... à pieds... une petite randonnée pédestre au cœur du fleuve Rhône, ça change ! L'ambiance est étrange, lumineuse et sombre à la fois, la remontée de la Tine à pieds se fait rapidement, et au dernier moment se fait entendre la cascade du fond de la Tine. Elle donne abondamment de l'eau. Etrange et agréable endroit qui semble coupé du monde. Pourtant, j'ai vu en haut de la Tine des vttiste, il y a un sentier de randonnée avec un passerelle qui passe juste au dessus.

samy

Dans la Tine de Parnant...

magali01

Nous, il y avait un tout petit peu plus d'eau  :D


samy

Le passage aux Tines de Parnant était vraiment sympa et étrange, cela valait la peine : cet endroit a du charme avec ou sans eau et est donc attirant tout le temps. Peut-être ai-je eu de la chance de ne pas y trouver de vase à l'entrée, ce qui aurait empêché probablement sa remontée à pieds.


Je reprends le cours de ma balade, il est 10h. Quand je vois le chemin déjà parcouru, je me dis que j'avance plus vite que ce à quoi je m'attendais. Il y a un peu de courant qui aide.
La passerelle de Grésin, perdue au milieu de nulle part est déjà là et l'arrivée sur Bellegarde est assez rapide, bien avant 11h, ce qui me laissera le temps d'aller traîner ma pagaie sur une petite portion de la Valserine.
Bellegarde... Bellegarde... et bien vue sous le soleil, ce n'est pas si moche que tous les commentaires que j'ai pu entendre jusqu'à présent. Oui, il y a mieux, mais la ville au passé très industriel ne s'en sort finalement pas si mal, vue du Rhône du moins.
Certes, la ville apporte son lot de pollution (un peu de mousse par endroits...) mais le petit bout de Valserine à naviguer est des plus agréable, la gorge est un spectacle pour les yeux avec les vieux bâtiments industriels abandonnées qui lui donne un charme si particulier. Aucun détritus ne bloque l'accès, il faut dire qu'il y a un débit plus que soutenu des 2 déversoirs.

samy


Les vieux batiments de la vielle usine de Chanteau, la biscuiterie. Peut-être enfin une réhabilitation prochaine : http://www.latribunerepublicaine.fr/a-la-une-la-tribune-republicaine/bellegarde-de-nouvelles-perspectives-s-ouvrent-pour-le-ia921b0n193157#

Demi tour sur la Valserine...avec une jolie couleur verte


Puis c'est au tour du pont de Bellegarde et du viaduc autoroutier qui, par perspective, semblent enchassés l'un dans l'autre.


La descente continue...

samy

Le Rhône s'élargit et pas conséquence devient bien plus doux, calme et moins rapide. Je flemmarde, le temps de passer quelques coups de fils, le temps filoche, et vers 12h30, après avoir passé, comme c'est marqué sur le batiment, une  "unité de traitement des déchets" (bref, un incinérateur), j'arrive doucement en vue des installations de Génissiat.
Je n'avance plus bien vite sur le lac de barrage et il faut certainement que je recharge un peu les batteries avec un petit picnic.


L'arrivée à la cale de sortie de Génissiat se fait à 13h, toujours sous le soleil. Hop, le petit chariot prend du service, il sera un élément indispensable pour tous les divers portages qui seront nécessaires, mais pour Génissiat, c'est le gros morceau : 1,6km de portage. Avec le KG, je craignais que cela soit assez casse gueule, n'ayant eu que l'occasion de quelques mini tests. Bien centré et sanglé sur le 3/4 arrière du kayak, la charge est très équilibrée, l'avant du kayak est ainsi délesté, le kayak s'équilibre tout seul sur son centre de gravité et le poids ne se faire que peu ressentir. Du moins, le KG avec le matériel n'est pas pénible à tirer, ça roule même bien !

samy

Aller... ça roule !
Et puis sur la 1ère partie bitumée, c'est un billard !


Pour info, il existe au niveau du barrage deux points d'eau : un au barrage lui-même, l'autre à l'aire de picnic. Un précédent repérage m'avait fait constater que l'eau était coupée sur ces deux installations. Bien m'en a pris de transporter de l'eau avec moi car aucun réappro n'y est actuellement possible ! Merci la CNR de mettre à disposition ces 2 points d'eau inutiles ! A quoi cela sert-il que ces installations ne soit pas fonctionnelles au mois de mai !
L'entretien semble vraiment laisser à désirer : l'air de pic-nic est sale, des détritus abandonnés par manque de civisme, certes, mais d'autre part aucun entretien ne semble fait par le CNR non plus. L'image n'est pas très valorisante. Triste...


Je picnic et me remets en route vers 14h15 pour continuer le portage (en ayant mis à la poubelle mes détritus et certains autres qui traînaient...)

samy

@ magali01 : et oui, les Tines de Parnant, c'est aussi joli avec de l'eau !

samy

Deuxième partie du portage de Génissiat (photos juste pour illustrer ce qui attend ceux qui voudraient se lancer dans l'aventure !)


Le début est une formalité car le chemin est en parfait état (aurait-il été refait ???). Enfin, c'est un chemin empierré qui semble avoir été passé au rouleau compresseur et d'où quasiment aucune pierre ne dépasse. Bref, cela roule très bien.
Et puis au détour d'un grand virage à gauche, le beau chemin s'arrête et devient un petit chemin plus étroit, irrégulier et là, cela roule déjà beaucoup moins bien. Les photos ne rendent pas bien compte du degré de pente qui est très marqué.
Ca descend fort ! C'est probablement un des rare moment où l'on apprécie d'être en KG avec un poids très contenu, car ça pousse dans la descente. Mais c'est tout à fait faisable bien entendu, cela demande seulement un peu d'attention, surtout sur la deuxième partie du chemin plus dégradée, et sur la toute fin, vraiment mauvaise, vers la mise à l'eau (qui peut s'avérer scabreuse).

samy

On arrive ensuite à une belle petite passerelle, limitée à 300km (à l'aise... je passe question poids, même avec le bonhomme dessus !  :lol: )


Sur la gauche, on aperçoit le Rhône, qui n'est pas encore là... il faut descendre encore un peu !
Et la dernière partie du chemin est assez mauvaise.
Sur place, le niveau du Rhône est une nouvelle fois très bas. J'étais passé il y a quelques jours et le niveau était alors juste à la hauteur de la grosse pierre équipée d'un anneau d'amarrage. Là, c'est environ 3 mètres plus bas ! Et il y a aussi un peu de vase par dessus le marché.


Il y a 3 jeunes pêcheurs super sympa sur place. L'un me propose de lui-même de m'aider à descendre le kayak sur la première marche pour arriver déjà à voir à quel endroit je pourrais mettre à l'eau. C'est pas aisé, heureusement, le kayak n'est pas lourd !


Ensuite, un deuxième coup de main de leur part : il y a encore 2 mètres pour arriver à l'eau. Je me mets en contrebas, vers l'eau, en faisant attention de ne pas glisser pendant qu'un des pêcheur me fait glisser le kayak par en haut. Impeccable, ils étaient au top ces 3 jeunes pêcheurs et ils m'ont bien aidé, Seul, cela aurait été vraiment une belle galère. Cela leur aura fait un peu d'animation car la pêche ne semblait par miraculeuse d'après ce qu'ils me disaient


Sur la 3ème photo (prise en se retournant vers le barrage), la mise à l'eau se fait du côté gauche de la photo, on voit que ce n'est pas top !


Avant de partir, à mon tour de partir au secours d'un des 3 pêcheur dont la ligne est coincée dans le Rhône et qu'il n'arrive pas à dégager. Hop, quelques coups de pagaies, quelques manoeuvres dans le courant et victoire, je lui débloque ça ligne, équipée d'un magnifique quadruple hameçon. Entraide mutuelle, tout le monde est content, tout le monde est gagnant !


Aller, je repends le cours du Rhône, il est 14h45 quand je recommence à mettre un pagaie dans l'eau.
Comme on le voit sur la 4ème photo, le niveau d'eau est très bas, je vois clairement le fond, et sur le bord, si je m'approche trop, ça frotte. Ce niveau d'eau est, du dire des pêcheurs, habituel à cette époque , dans ces conditions météo, pour un dimanche après-midi. C'est toujours bon de le savoir.

samy

Après le passage de Génissiat, je retrouve un peu de courant et un mini "seuil" quelques minutes après la mise à l'eau, rien de bien méchant.
C'est fou comme le niveau est bas par endroits ! Je vois le fond... pas très loin... ça passe sans jamais frotter, mais mieux vaut rester plutôt dans la "veine" principale.


Passage du Pont de Pyrimont.
300m après le pont, je tente une bifurcation sur la droite pour aller voir le Pain de sucre... Ce sera pour une prochaine fois, il n'y a pas assez d'eau, impossible même de seulement commencer à remonter le petit bras d'eau. Je suis stoppé dans mon élan par le fond qui me retiens... Bon, ce sera là encore une occasion de revenir !


Puis viennent les piles de l'ancien pont de Pyrimont dont il ne reste plus grand chose. Enfin, une pile est encore debout, c'est tout. Peu de courant, le passage est tranquille.

samy

La fatigue dans les bras commencent à se faire sentir...
Après Pyrimont, la section navigable est plus large, longe en grande partie la voie ferrée avant d'arriver sur Seyssel.


Cette portion me semble interminable... Et puis le paysage est d'une grande monotonie sur ce long planiol, je m'ennuie, c'est la fin de la journée. Pas grand chose pour réveiller les yeux, pas grand chose pour s'émerveiller. Telle une vache, je regarde les rares train passer depuis mon kayak.
Et puis parfois le vent se lève un peu, bien entendu, de face et cela n'aide pas.


Enfin, apparaît au fond le barrage de Seyssel, signe que la cale de sortie est proche. 16h45...La cale est a peu près propre, un tout petit peu de vase, mais rien de bien gênant. Aller, c'est reparti pour un nouveau portage de kayak, cette fois ci 865m à faire à pieds, à côté de la voie ferrée. Portage facile et sans encombre, heureusement que la route est peu fréquentée car elle n'est pas large et il est parfois compliqué de se croiser avec une voiture.


Pour aujourd'hui, les bras en ont assez et demandent un peu de repos. Je n'avais rien planifié pour le soir et le camping de Seyssel, le Nant Matraz tombe à point nommé. Je l'avais repéré sur ma carte, au cas où, et finalement, il sera bien utile. Il suffit juste de remettre le kayak à l'eau, et de traverser la Rhône en diagonale au milieu du courant. La cale est juste devant une entrée du camping, c'est étudié pour on dirait, c'est parfait. Je dérange le moins possible une petite famille de canetons... maman canard n'est pas loin...

L'accueil au camping est plutôt sympathique par une charmante demoiselle. Je m'installe sur un emplacement mi soleil mi ombre. Certes, la route n'est pas bien loin et on l'entend un peu, mais pour une nuit ça ira très bien. Et puis il est idéalement placé au bord du Rhône, sans portage interminable.
La douche est très appréciée. Il fait beau et chaud... Atteint par une flemmingite aigüe, je décide, en accord avec moi même, de me passer de mon abri ce soir. Ca tombe bien, pas du tout motivé pour le monter.
Ce sera une belle nuit à la belle étoile, camping 1000 étoiles pour la nuit donc.


Pour ce 1er jour : environ 30 kilomètres effectués, je ne pensais pas arriver jusque là en une journée. Tout se passe bien , c'est parfait. Même pas de galère !