New-Caledonia Kayak Tour 2014

Démarré par Rikou, 26 Février 2014, 20:16:58

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Rikou

#210
 :D Bien je tente un nouveau support pour le récit de mon tour en Calédonie ... Il s'agit de la première journée de navigation pour traverser la grande baie St-Vincent au sud de Boulouparis.
Il ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait...

Rikou

#211
  Ma première nuit en expédition fut très agréable. Du moins je le suppose car je m'endormis très rapidement et me réveillai qu'au petit matin. J'en conclu donc avoir dormi comme un bébé. J'avais mis le réveil du gps à 04h15 mais c'est la lumière du jour miroitant devant mes yeux, qui me réveilla. Je m'extirpai de dessous la tente et fus assailli aussitôt par une myriade de moustiques, bien mal polis de me sauter dessus comme ça, de bon matin, sans même que nous ayons été présentés. Je fis fi (riri, loulou et les autres ...) de leurs us et coutumes et les ignorai totalement afin de préparer sereinement mon petit déjeuner.

  J'admirais le lever du jour, baignant dans sa chaude lumière en sirotant mon café par petites lampées, agrémenté de portions de cake à la vanille. Immobile, contemplatif, j'assistai émerveillé à une chasse tout près de l'endroit où je me tenais. Cela dura plusieurs minutes où des gerbes d'eau projetées par des prédateurs affamés, éclaboussaient le sable coquillier. Je ne pus voir de quelle espèce il s'agissait mais les attaques furent ciblées et bien organisées. Les assauts arrivaient de plusieurs fronts, ne laissant que peu de chance de survie au menu fretin venu se réfugier tout au bord de la plage.

  Ce furent là les seuls dangers que j'affrontai tant la journée fut agréable et la navigation douce. Contrairement à la veille, les alizés me laissèrent tranquillement évoluer sur une eau plutôt calme. Laissant la presqu'île Uioté derrière moi, je décidai de longer les îlot Moro par l'Est, par peur d'une mer trop agitée, je dois l'avouer. Mais cette inquiétude disparut dès lors que je repérai au large l'îlot Goldfield. En effet, le vent tout à fait correct, n'agitait pas outre mesure la surface de l'eau et je ne dus les quelques minutes de gîte intense, qu'au passage de quelques plaisanciers motorisés ou de pêcheurs matinaux, gagnant la barrière de corail dont nous pouvions entendre le souffle sourd, malgré le peu d'agitation marine.
Ce fut l'occasion pour moi de rencontrer pour la première fois du périple, certaines créatures de l'océan pacifique, que je croiserais par la suite à maintes reprises. Les premières furent donc les tortues, j'en surpris quelques unes, grosses têtes ou tortues vertes, à ce jour je ne sais toujours pas les différencier. L'exercice d'identification étant difficile par la rapidité, la fulgurance même avec laquelle elles se réfugient dans les profondeurs océanes, dès qu'elles se sentent menacées. Quand on sait que les tortues peuvent nager à 35 km/h, on est moins surpris par la célérité dont elles firent preuve pour se mettre hors de danger, même si je n'en représentai aucun. Les ballets aériens des poissons volants et les chasses héroïques des bonites par-dessus les flots, m'accompagnèrent ainsi jusqu'à l'îlot M'ba où je fus accueilli par un couple de Balbuzard pêcheur très en voix, certainement à cause de mon arrivée soudaine qui dérangea leur quiétude lagonnaire. C'est sur ce premier îlot paradisiaque, véritable écrin de verdure entouré de nacre et de turquoise, que j'eus un aperçu très prometteur d'une vie à la robinsonnade. Je restai près de deux heures en ce lieu, à n'y rien faire que contempler les vagues qui recouvraient délicatement le sable fin de la plage où je m'étais assis, enroulé très légèrement dans mon paréo.
Je poursuivis ma route après m'être extrait de cet environnement enchanteur avec difficulté, pour effectuer la courte traversée vers l'île M'bo, qui apparut sur l'horizon dès que j'eus franchi le petit récif qui protégeait le flanc Est de M'ba. Cette traversée fut légèrement animée et lorsque j'échouai le kayak sur la magnifique et étincelante plage de l'île M'ba, la brise força, m'incitant a effectuer une petite mesure à l'anémomètre qui affichait dix nœuds.

  Une fois mes affaires séchées, je fis le tour du secteur, comme à mon habitude. La plage n'était pas très large et je trouvai un très bel emplacement, bien aéré, juste sous les filaos dont l'ombre me protégea des ardeurs du soleil. Je confectionnai un âtre solide de coraux blanchis par l'érosion. La civilisation et son lot de pollution touche les endroits les plus improbables et cet îlot ne fit pas exception. Je ramassai dans un bosquet d'arbrisseaux une plaque de cuisson, certainement laissée là par quelques habitués qui doivent sûrement espérer la revoir à leur retour. Après l'avoir utilisée pour protéger mon feu du vent, je la remis à l'endroit même où je l'avais trouvée.

  Ayant pris, vous l'avez deviné, la décision d'installer mon bivouac sur M'bo, la robinsonnade annoncée pouvait commencer. Le bonhomme, votre serviteur, fut allègrement débarrassé de tout son attirail pour ne se vêtir que de son paréo vanuatais préféré. Le hamac fut prestement tendu, sans son toit pour profiter pleinement des charmes nocturnes de l'hémisphère sud. Le kayak fut hâtivement hissé hors d'atteinte du flux marin. Le feu préparé avec soin et allumé avec maestria pour être préservé jusqu'au soir où le coup de pêche ne fut pas fameux. Cependant je me régalai à lancer inlassablement mon leurre dans cette eau translucide, aux reflets d'azur et d'émeraude. Espérant qu'à chaque passage, la nage infernale du leurre tournoyant, ondulant, irisant, attire un prédateur vorace et affamé, qui viendrait égayé le quotidien lyophilisé de mon repas du soir. Tout en pêchant je déambulai le long de la plage en faisant attention à ne pas coincer par mégarde entre mes doigts de pied fripés, un tricot rayé impatient profitant de la pénombre pour rejoindre l'océan. Les innombrables traces de reptation observées en journée, ne me donnèrent aucun doute sur la présence de ces magnifiques reptiles, objets de toute mon attention après que j'eus mis de côté ma canne à pêche pour me lancer à la recherche de Laticauda saintgironis. Je fus très rapidement récompensé en admirant un splendide spécimen qui regagnait la terre ferme après sa journée harassante à chercher certainement sa pitance ou encore à courtiser quelques girondes femelles. Moi-même je retournai au bivouac et m'enivrai une fois de plus du doux parfum de la liberté.
Il ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait...

Jicé




Récit agréable, on attend la suite  :jap:


Tu abandonnes le format .pdf ? (c'est dommage, perso, je préfère)

Rikou

#213
 :D  Salut à tous.  J'ai ajouté quelques photos dans l'album New-Caledonia kayak Tour 2014

Je poursuis l'écriture du récit que je vais peut-être présenter dans un mini blog... A voir.  :good:
Il ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait...

sirius

Bonsoir Ours,

Magnifique cette expédition !

Trouvée car je m'intéresse au Tiwok  ;).

Rikou

 :D Salut à tous

Il y a quelques jours, j'ai complété l'album de photos de mon tour de Nouvelle-Calédonie. Pour les curieux et les courageux qui sont prêts à visionner plusieurs centaines de photos, c'est par ici que cela se passe... ALBUM NOUVELLE CALEDONIE 2014
Il ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait...

NATH 78

Je les ai (re)visionnées avec plaisir Rikou : celle du chien sur fond bleu (on dirait une couverture de livre pour enfant), celles des plages d'azur, celles des coquillages, des serpents-tricot, des sachets de nourriture, celles de ton bateau tout seul au milieu de l'eau, ..., et celles de ton retour avec les retrouvailles en famille : toutes sont top  :good: :good: