La nuit a été plutôt reposante, même si dormir n'est vraiment pas ce que je sais faire de mieux. Un tout petit peu d'humidité au matin, rien de bien gênant.
6h30 et déjà l'envie de sortir du sac de couchage.
Dans le camping, encore peu de bruit. Il y a quelques cyclotouristes, aucuns kayakistes. Il y a même un cyclotouriste en vélo couché...encore couché...
Tranquillement, j'avale un petit déjeuner à base de céréales enrichies "maison" avec noix de coco, bananes séchées, raisins, pépites de chocolats. Ca passe bien et ça cale bien le matin.
Hier soir, au moment de sortir de l'eau à 17h30, le courant dans le Rhône était en train de forcir. La cale d'accès au camping présentait tout de même une belle marche pour y accéder. Ce matin, le Rhône est plus haut d'au moins 50cm ou plus, ça débite bien, la cale est en partie sous l'eau. Il y a un courant très fortement marqué.
Aller, je plie bagage, il est 8h00, le temps de mettre le kayak à l'eau. La cale est peu protégée du courant, mieux vaut ne pas laisser le kayak filer. A l'oeil, j'évalue la vitesse du courant à 8 ou 10km/h environ, ce n'est qu'estimatif. Peut-être un peu plus en fait...
Mise à l'eau à 8h25 exactement, la reprise du courant se fait sans soucis, et c'est vitesse grand "V" que le Rhône me proposera une visite éclair et expresse de Seyssel en mode "visite de Paris à la japonnaise"... Presque pas le temps de s'occuper à prendre des photos, il faut tenir la pagaie et le kayak dans le courant et ses "rouleaux éruptifs" (j'ai trouvé cette image bien évocatrice du phénomène de brassage des eaux du Rhône à certains endroits, c'est comme cela que décrit ce phénomène Serge de Marchi dans un film amateur sur le Rhône de 1947 :
https://www.cinematheque-bretagne.fr/Exploration_Trilogie-Rhodanienne-970-15127-0-0.html . Un petit film très intéressant et instructif sur le Rhône et les modifications de son cours.
Et effectivement, il faut le maintenir en ligne le kayak au milieu de ces "rouleaux éruptifs" du vieux pont de Seyssel. Enfin, je fais surtout ce que je peux. Et Le kayak, lui, il fait plutôt ce qu'il veut, nuance... ! En fait de tenir la ligne, le résultat est plutôt une prise de courbe marquée et pas prévue du tout : après le passage du pont, les rouleaux sont tellement marqués et inévitables que malgré tous mes soins à batailler pour contrer les flots (vous savez, la gars qui se prend pour Don Quichotte...), le kayak se met à prendre sérieusement le tangente, se met à 45° sans que je n'y puisse rien, et quitte la direction voulue pendant quelques dizaines de mètres. Certes, rien de grave, rien de bien méchant, mais je me dis qu'il n'aurait mieux pas fallu qu'un obstacle quelconque se présente, je n'aurais pas pu faire grand chose.
C'est là que l'on voit les limites des capacités de navigation d'un Yakkair HP1 : ouais, ce n'est qu'un gonflable avec toute de même un comportement perfectible. Mais il ne faut pas jeter la pierre au kayak, le piètre pagayeur que je suis ne doit pas y être pour rien. Même si je pensais avoir mis quelques bons coups de pagaies, malgré tout, je pense que j'ai plutôt subi le courant. Enfin, ça fait tout bizarre subitement de ne plus rien contrôler dans la trajectoire de son kayak. Mais y'a pas d'mal, c'est l'essentiel.
A peine le temps de me retourner pour immortaliser la vue aval du vieux pont de Seyssel.
Très rapidement arrive le pont routier à haubans de la route de Paris. Lui aussi défile vite, il y a du courant... je laisse filer le kayak. Après tout, le courant me porte...