Risques, dangers, situations difficiles et comment s'en sortir

Démarré par ours, 09 Septembre 2011, 20:05:42

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daggie

#60
Je réponds au message de Berta ... risque de coincement par son gonflable.
J'ai parlé à une personne à qui s'est arrivé aussi - il s'est trouvé coincé par son gonfllabe qui s'est "enroulé autour de lui" ... je ne sais pas trop les détails, seulement qu'il a failli y rester et qu'il était déjà un peu bleu quand les pompiers l'ont secouru.

Sur le forum d'eaux vives justement il y avait plusieures personnes qui préconisent de prendre un couteau quand on part en eaux vives avec un raft ou un canoe raft pour pouvoir poignarder son embarcation si cette situation d'urgence devait arriver. Ca suppose d'avoir un couteau à la fois facilement accessible et degainable et suffisamment protégé pour ne pas se blesser et de s'être entraîner au geste de dégainage sous l'eau auparavent...

Il y avait d'autres témoignages sur le forumm EVO concernant des personnes qui avaient été coincé par la ligne de vie de leur raft / par une ronce ou branche ... et sécourues grâces à d'autres pratiquants qui avaient des coteaux sur eux.

Une autre copine a elle aussi eu le mauvais reflexe dans un drossage dans lequel il y avait en plus des ronces ... son fils a été aspiré sous l'eau. Elle a pu sauver son fils mais elle a perdu son canoe. C'est arrivé sur le Gardon ou il avait eu une montée des eaux juste avant. Elle avait eu l'intention de naviguer sur une partie facile de la rivière, mais sur les (mauvaises) conseils de passants ils se sont aventurié sur une partie "plus intéressante"... mais comme il s'est avéré plus tard trop dangereuse pour leur niveau d'expertise et le niveau d'eau... et surtout avec un enfant.

Aurore

Le kayak en eau vive demande quelques connaissances avant d'être autonome.  :yes:

Bertha

Même lorsqu'on est accompagné comme c'était mon cas, on n'est jamais à l'abris... Il faut bien sûr savoir naviguer mais aussi savoir lire une rivière afin d'anticiper au mieux et ne pas naviguer à vue lorsque cela est trop engagé  :nosad:  Personnellement, je navigue toujours encadrée par mon club en classe II/III au printemps car il y a davantage d'eau. L'été, c'est différent, certaines rivières qui sont classées II/III deviennent accessibles à tous car elles n'ont plus beaucoup d'eau.

ours

Ce n'est peut-être pas une mauvaise idée de relancer ce fil de discussion....

Je l'avais lancé en septembre 2011. Depuis, plusieurs interlocuteurs d'importance ont quitté ce forum. Il y a donc des trous dans les conversations.
Il me semble que l'essentiel reste néanmoins perceptible.

Que son sens soit clair: il ne s'agit pas de faire du catastrophisme, il s'agit simplement de dire qu'en échangeant les situations délicates que nous avons pu rencontrer, en toute modestie, en les expliquant, nous éviterons que d'autres tombent dans les mêmes pièges.

Je propose aux nouveaux (et nombreux) arrivants sur le forum d'offrir leurs contributions  :coucou:

Site artistique personnel https://jeanyvesamir.fr/

annickemmanuel

#64
Alors je me relance par rapport à ma rouste de Lundi.

Départ du port de l'Olivette à l'ouest du cap d'Antibes avec le vent de face. Au fur et à mesure que je m'éloigne des côtes, le vent forcit et la mer creuse. Tant que le vent et la mer sont de face, ça mouille, mais ça passe.
Il doit y avoir 20 à 25 nds de vent de moyenne avec de belles rafales et une mer agitée avec un à deux mètre de creux très haché et déferlant. Au bout d'un moment, je me retourne et avec le vent et la mer dans le dos, les creux font de belles pentes pour le surf. Le premier passe bien. Le deuxième se termine à l'eau (17°C). Je m'extrais facilement de la grande hiloire, je gonfle le paddle float, je le mets en place sur la pagaie qui elle est restée accrochée au kayak par le leash, je retourne le kayak pour qu'il se vide, et je fais ma procédure de remontée à bord, je rejupe, j'ai pas le temps de pomper qu'une autre vague me retourne. Bon une étape en moins, le paddle float est resté gonflé, je remonte, je vide en grande partie, et quand j'enlève le paddle float de la pagaie, patatra, au tapis et encore et encore. La mer est tellement agitée que je me rapproche à la nage de la petite digue de rochers (pour ceux qui connaissent), je passe à travers, sur une vague, le kayak m'échappe et je reste accroché par la jupe dans les rochers. Bon, je reviens au bord en me disant que le kayak va rentrer peinard au port. Le c.., il reprend un peu d'aire et c'est après m'être mis à l'eau au niveau des ruines de la ferme piscicole que je parviens à aller le rechercher en allant le chercher à la nage.
Ensuite, je me suis contenté de me reposer au bord de mer en contemplant ces éléments agités avec l'humilité de celui qui accepte de se faire dominer.

Bilan de l'histoire, une demi heure de sortie pour des galères. Donc, c'est pas parce que la réfection la salle de bain nous a empêché de naviguer qu'il faut sortir dans des conditions où il ne faudrait pas.

Bien s'être entraîner à sortir du kayak renversé et y ré-entrer est un facteur de sérénité.

Je ne sais pas si l'eskimo aurait aidé et si je l'aurai rentré à coup sûr dans cette mer agitée. Mais j'ai bien envie d'ajouter cette manoeuvre en plus à ma petite expérience.

La carte:
Flèche jaune, le vent et la mer
Flèches rouges le trajet en navigation
Les ronds rouges les chavirages à répétition
La flèche noire, la nage en tenant le kayak par la poignée avant
Au bout de la flèche noire, je perds le kayak
Je passe par le bord de mer pour aller le chercher au niveau du rectangle rouge en nageant un peu pour lui éviter d'aller lécher les murs des ruines poussé par de belles vagues.

Voilà, si ça peut servir à quelqu'un

Jicé

Citation de: annickemmanuel le 22 Mai  2013, 21:17:17
Ensuite, je me suis contenté de me reposer au bord de mer en contemplant ces éléments agités avec l'humilité de celui qui accepte de se faire dominer.

Voilà, si ça peut servir à quelqu'un


C'est l'apprentissage de la mer et des vagues  :good:


Quand tu as subit ce type de situation, tu te sent bien plus à l'aise ensuite.

dejah

Sympa ta petite expérience ! C'est bien détaillé, sans chichis, et on sent bien la situation qui se dégrade joyeusement, tout en étant quand même relativement à l'abri de risques plus sévères :W
Bah finalement c'est là qu'on apprend le plus, quand on sort un peu de sa fameuse "limite de confort", et du coup y'a plein de déclics qu se font, mais aussi de questions qui se posent !
Concernant l'eskimotage, ça me parait évident qu'une bonne maitrise enlève la majorité des problèmes rencontrés ici, encore faut-il maitriser cet art dans les vagues, ce qui est tout autre chose qu'en piscine ou par mer calme, bien préparé à la manoeuvre, et avec un masque :ph34r: Pour ma part, après m'y être essayé une seule fois l'été dernier, je compte bien travailler la technique, on verra ce que ça donne :p
Après y'a l'équilibre dans les vagues de houle déferlante. Ca aussi c'est technique, et ça aussi ça se travaille à part avec des appuis pagaie très forcés, bateau gité, et aussi du surf et encore du surf. Après un an, je commence à peine à prendre le bon réflexe de l'appui systématique "vers" la vague dès que le bateau fait un travers.
Donc à refaire ? ;)
SO ~ FB

annickemmanuel

Citation de: dejah le 22 Mai  2013, 22:25:02
Donc à refaire ?


Citation de: jc f @ le 22 Mai  2013, 22:25:02

Quand tu as subit ce type de situation, tu te sent bien plus à l'aise ensuite


Oui oui, je continuerai à me jeter dans des conditions similaires, car c'est là que l'on fait des progrès, dans sa tête surtout.
L'idéal est de ne pas être seul, mais à ce niveau là, les côtes étant proches et les véliplanchistes de sortie, c'était rassurant.


La même galère lors d'une traversée avec une eau plus froide aurait probablement été plus problématique, car nager avec le gilet, la jupe, le kayak, c'est pas mal d'effort pour une vitesse faible.

dejah

Citation de: annickemmanuel le 23 Mai  2013, 08:33:31
La même galère lors d'une traversée avec une eau plus froide aurait probablement été plus problématique, car nager avec le gilet, la jupe, le kayak, c'est pas mal d'effort pour une vitesse faible.

Si il faut progresser à la nage, alors pas de question, il faut retirer la jupe.
Autre technique vue sur une vidéo d'entrainement aux manoeuvres de sécu dans les rochers : la nage avec pagaie ! Si, si, dans la mesure ou le gilet assure la flottabilité, utiliser sa pagaie pour avancer dans l'eau parait très efficace, surtout lorsqu'il s'agit de sortir d'une zone de ressac dangereuse !
SO ~ FB

Jicé

Citation de: annickemmanuel le 23 Mai  2013, 08:33:31
Oui oui, je continuerai à me jeter dans des conditions similaires, car c'est là que l'on fait des progrès, dans sa tête surtout.
L'idéal est de ne pas être seul, mais à ce niveau là, les côtes étant proches et les véliplanchistes de sortie, c'était rassurant.


Si tu veux "apprendre" la mer et les vagues sans danger, une bonne école est le bodyboard  :good:

annickemmanuel

Citation de: jc f @ le 23 Mai  2013, 12:30:04

Si tu veux "apprendre" la mer et les vagues sans danger, une bonne école est le bodyboard  :good:
:D J'en ai effectivement fait pas mal notamment au Pays Basque dans des conditions bien plus sévères que celles de Lundi[size=78%]. [/size]
En kayak, j'ai aussi été pas mal chahuté, mais sans dessaler. Mes dessalages précédents étaient volontaires pour m'entraîner et sur des inattentions ou des surfs mal maîtrisés, mais dans des conditions plus calme je n'avais pas eu de mal à reprendre ma route.

denali73

On pourrait résumer cette mésaventure par tout faux .
1er jour de ce qui devait être un beau raid d'une semaine en Sardaigne  .
Départ d'une baie abritée vers 11 h sans prendre la météo et ayant remarqué une mer parée de moutons .
Allez , c'est le 1er jour des vacances , on est fort , les copains veulent y aller , je suis .
Sortis de la baie , on engage le long de falaises , les vagues grossissent , difficile de faire demi tour .
1er abri à 3/4 d'heure ( belle plage ) , on continu .
Très vite les copains en bi s'éloignent et je reste à la traine dans de grosses vagues , heureusement celles ci viennent de face mais grosses sueurs quand même .
Résultat , + d'une heure de navigation , couteau entre les dents et trouillomètre à 0 .
Enfin , sur notre droite , la plage tant attendue , cap à gauche , malheureusement  , les vagues arrivent de travers et c'est le chavirage .
Résultat de ma 1ère erreur qui a failli  m'être fatale , j'avais calé un petit bidon étanche dans mon hiloire entre mes jambes ( faute de place dans les caissons et sur le pont ) et celui ci m'a empêché dans un premier temps de m'extraire de l'hiloire .
Du coup , quelques 4-5 secondes tête sous l'eau à essayer de me sortir du kayak , le bidon faisant verrou , il a fallu batailler ( coup de sang ) pour s'en sortir .
Ensuite rapide état des lieux , remise du kayak à l'endroit , récupération de quelques affaires flottantes ( pagaie , bidon étanche .. ) , je m'accroche à mon embarcation et constate que les vagues m'entrainent vers les rochers à grande vitesse .
Je nage en m'accrochant à mon kayak pour m'éloigner , mais les vagues  passent sans cesse par dessus le kayak et ma tête me laissant sans cesse envisager le pire .
1er bon réflexe , je pense au sifflet , le sort de la poche et malgré le bruit de la mer et du vent , mes copains finissent par m'entendre et font demi tour .
Super me dis-je en les voyant arriver à une cinquantaine de mètres de moi , mais là , je suis désolé de les voir à nouveau faire demi tour et s'éloigner jusqu'à ne plus les voir .
Il va falloir se débrouiller seul  .
J'apprendrai plus tard qu'ils avaient vite compris que me récupérer dans ces conditions serait impossible et qu'il valait mieux regagner la plage et alerter les secours .
J'apprendrai également plus tard qu'ils se renversèrent également à leur tour et qu'ils eurent leur salue grâce à leur coté très bon nageur et très sportif qui leur permis de regagner le maquis via un petit passage par les rochers .
Me concernant , je continuai à me démener pour nager en poussant mon embarcation chargée pour m'éloigner des énormes rochers menaçants .
A chaque fois la mer déchainée me ramenait vers ceux ci et ce combat ne me permis ni de sortir mon paddle float ( planqué dans mon sac de pont ) , ni de vider l'hiloire de mon kayak rempli d'eau , et après avoir tenté en vain de remonter à bord je décidais de nager en m'éloignant de la cote pour éviter de me faire briser dans les rochers .
A chaque fois , la mer me ramenait vers le bord me laissant craindre le pire ( l'accostage dans ce dédale de rochers et de falaise était inenvisageable ) .
Au bout de 25 minutes ( une éternité ) et malgré une bonne condition physique et un mental enclin à ne pas lâcher l'affaire , je commençai à fortement me refroidir et à m'épuiser et à prendre des crampes dans les membres inférieurs .
Je me demandai comment cela allait se terminer , je continuai à me battre contient que je n'allai plus tenir très longtemps et commençant à envisager le pire .
Dans ces moments on recherche des motivations pour s'en sortir et on pense toujours à la famille , ne pas lâcher pour eux .
Tout à coup , je vois arriver Christophe en courant en haut des rochers , sans hésitation plonger à l'eau ( environ 10 mètres ) avec d'énormes vagues en bas et nageant dans ma direction .
J'étais aussi comptant de le voir rappliquer que étonné et déçu de l'avoir vu faire demi tour quelques 30 minutes auparavant .
Nous avons alors à nous deux essayé de me remettre à bord pour repartir , mais impossible et avons décidé de nager en direction de la plage en poussant le kayak et son chargement .
Au bout de quelques minutes d'efforts , nous avons décidés d'accoster les rochers là ou cela nous semblait le moins pire et y sommes parvenus moyennant de nombreuses coupures aux jambes et le bris de mon kayak Arktika en plusieurs endroits ( si peu au vue de ce qui aurait pu résulter de ce dessalage ) .
Quelques minutes plus tard , ce sera un Zodiac avec des personnels de la capitainerie qui viendra nous apporter secours , ces derniers ayant été alertés par mon second pote qui après chavirage et accostage d'urgence avait traverser le maquis jusqu'au petit village de la plage en courant .
2 heures pour me remettre de mes émotions ( tremblote , larmes aux yeux ... .. ) mais heureux tous ensemble de s'en être tirés .
Ensuite , le lendemain , une journée complète ( 5 allers retours ) de portage à travers le maquis et jusqu'au village pour ramener mon kayak cassé , tout notre matériel de raid ( tentes , duvets , nourriture , vêtements .... ) mais aussi le biplace (  en effet la mer restera déchainée plusieurs jours ) d'où impossibilité de ramener tous le matos par la mer avec le bi .
Nous profiterons tout de même de notre voyage en Sardaigne par des sorties montagne à la journée et visite de charmants villages .
Qu'elles conclusions tirer de cette mésaventure :
- toujours se renseigner sur la météo avant de sortir
- ne jamais suivre les copains à tout prix , savoir leur dire non et s'imposer si besoin
- ne pas se sentir à l'abri de tout en groupe
- ne rien charger dans son hiloire qui pourrait entraver notre sortie en cas de besoin
- savoir faire demi tour lorsqu'il en est encore temps et possible
- avoir tout son matos de sécurité à proximité immédiate
- prendre le temps lors de nos sorties pour faire quelques exercices ( même si souvent entre les manip volontaires en eau calme et  ces dernières en situation de difficulté , il y a un fossé ) 
- essayer malgré nos âges avancés ( en tout cas le mien ) , de rester en bonne forme physique , cela ma bien aidé .
- bien travailler son itinéraire avant le départ ( notamment pour repérer les abris et connaitre notre position par rapport à ces derniers ) , cela doit nous aider à prendre certaines décisions , continuer ou retourner
- ...............................................
J'espère que mon récit vous sera  lisible et compréhensible ( je n'ai pas bien l'habitude de compter mes mésaventures notamment via un forum ) .
Je profite de ce post pour remercier mes 2 compagnons pour m'avoir sorti de ce mauvais pas .
Pour finir sur une note d'humour , en rentrant de notre périple , j'avais viré tous les CKM ( revues Kayak Magazine ) que j'accumule aux toilettes à la maison , il m'était alors impossible de regarder des images de kayak et ai du reprendre la navigation avec mon fils sur un biplace beaucoup plus stable .
Ca va mieux maintenant .
Je reste à votre dispos si besoin d'en savoir +

samyomel

 :good:
superbe récit, avec une belle analyse en plus

c'est ce qui s'appelle un retour d'expérience enrichissant!
:bravo:

ours

#73
Oui, merci pour ce très bon témoignage!
Site artistique personnel https://jeanyvesamir.fr/

annickemmanuel

Récit intéressant et enrichissant.

En point à retenir, il faudrait peut-être aussi ajouter:
- Prévenir ses camarades que ce n'est pas rassurant pour toi. Quelqu'un serait peut-être alors resté à tes côtés tout le long de la nav plutôt que de te laisser derrière.
- Avoir un système de communication en tre navigant (ex: talkie walkie, vhf, téléphone étanche, ...)